Comme celle du chapitre 7, la nouvelle vision que reçoit ici
Daniel s’inscrit dans le même cadre que la toute première que le prophète eut à
expliquer. Cette continuité confirme que le livre de Daniel poursuit un seul
but. Il est le livre de l’histoire du monde et des empires qui, en lien avec
Israël, le peuple de Dieu, se succéderont jusqu’à la venue de Celui par qui le
royaume de Dieu sera établi.
Alors que jusqu’à présent les 4 grands empires sont
concernés par les visions reçues, le projecteur est ici braqué sur deux d’entre
eux, l’empire médo-perse et l’empire grec d’Alexandre qui lui succédera. L’histoire
profane corrobore la vision reçue par Daniel jusque dans les détails. D’abord
soumis aux Mèdes, les Perses finirent par avoir la suprématie sur eux et à
dominer l’empire : c’est ce que symbolise la vision du bélier aux deux
cornes dont l’une est plus grande que l’autre. La grande corne du bouc, qui
court si vite qu’on a l’impression qu’il ne touche pas terre, parle des
conquêtes incroyables et irrésistibles que fit Alexandre le Grand en un temps
record. Monté sur le trône de Macédoine en 336 av. J-C, à l’âge de 20 ans,
Alexandre conquit à toute vitesse l’Asie Mineure, la Syrie, Tyr et Sidon, la
Palestine et l’Egypte où il fonda Alexandrie. Il arriva jusqu’aux Indes. Puis,
il mourut brusquement au faîte de sa puissance, à l’âge de 33 ans, en 323.
L’intérêt de la vision donnée à Daniel n’est pas d’abord lié
aux deux empires qu’il concerne, mais à ce qui en surgira en lien avec Israël.
Israël est et reste le cœur des sujets de toute vision. L’histoire du monde, l’importance
donnée aux acteurs des visions révélées, ne se comprennent qu’à la lumière du
dessein de Dieu dont Israël, sur le plan des nations, est le centre. La vision
du chapitre 8 ajoute une information supplémentaire à celles données jusque là.
Elle précise que c’est du sein de l’héritage de l’empire d’Alexandre, morcelé
en quatre parties, que sortira la petite
corne arrogante qui causera des ravages inouïs et provoquera avec insolence le
Messie de Dieu.
La prophétie de Daniel se réalisera historiquement par l’accession
au trône du roi syrien Antiochus IV Epiphane, à la fin de l’empire grec et
avant la domination romaine. Insignifiant au départ, ce roi païen fut le
premier qui voulut supprimer le culte de l’Eternel et forcer les Juifs à l’idolâtrie.
Il s’attaqua à Dieu Lui-même, fit cesser les sacrifices et profana le temple de
Jérusalem. Il chercha à faire disparaître les exemplaires du livre de la loi,
interdit la circoncision, et massacra ceux qui voulaient rester fidèles à Dieu.
La prophétie de Daniel sur ce roi est significative en ce qu’Antiochus
IV Epiphane est un avant-goût historique de l’Antichrist, le grand profanateur
de la fin des temps. Comme lui, il ira jusqu’à s’asseoir dans le temple de
Dieu, en se proclamant lui-même Dieu : 2
Thessaloniciens 2,4. Il voudra changer les temps et la loi et combattra
le peuple des saints et le vaincra : Daniel 7,25.
Dans sa prophétie magistrale sur la fin du monde et la destruction du temple,
Jésus Lui-même fera référence à la prophétie de Daniel : Matthieu 24,15. Il confirme par là que, si elle a eu
un premier accomplissement par Antiochus IV Epiphane, sa réalisation absolue
est encore à venir.
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